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18 août 2013

Interview de Dominique Perrier (1990)

Interview à Claviers magazine en janvier 1990 de Dominique Perrier, qui a travaillé avec Jean Michel Jarre d'abord avec Christophe au Studio Ferber, puis comme musicien de scène et de studio à partir de 1981.


1990,dominique perrierComment est venue l'aventure chinoise avec Jean Michel Jarre?
Dominique Perrier : "Quand on a créé le groupe Space Art avec Roger Rizitelli, c'étaient les débuts du synthé et des home studios. On n'avait que des grosses armoires, les Moog, les ARP, on jouait d'un seul doigt. En 1981, Jean Michel nous a appelés, Roger Rizitelli et moi : "Est-ce que cela vous intéresserait de venir en Chine avec moi?" On s'est fait un voyage magnifique. C'était un peu Tintin en Chine, on était complètement hallucinés."

Comment s'est réparti le travail entre vous?
D.P. : "Frédérick Rousseau s'occupait de tout ce qui était séquences, avec le MDB. Moi je m'occupais des solos sur le Moog Liberation, le premier synthé portable. Jean Michel s'occupait du Fairlight et des VCS-3. Il faisait aussi la mise en scène, avec un mégaphone pour parler à tout le monde pendant les répétitions."

Est-ce qu'il était directif pour l'orchestration des morceaux?
D.P. : "Dans son studio à Croissy, il nous faisait écouter les cassettes : "Bon alors, toi tu fais ceci, toi tu fais cela… Ce son est très important… " C'était très structuré. Au départ, il n'y avait pas de place pour l'improvisation. Mais une fois arrivés en Chine, heureusement, il y a eu de la place pour l'impro avec les pannes, etc."

Tu te rappelles de gags pendant les concerts?
D.P. : "Oui, par exemple, quand ils ont arrêté le courant deux minutes avant que ça ne commence… Le séquenceur MDB était content… Toute l'écriture laser a été effacée. Il a fallu reprogrammer. Et ce fut fabuleux. Pendant tout le concert, j'étais la tête en l'air à regarder le laser. Alors Jean Michel m'a dit : "Pour le prochain concert, il faut que tu penses à l'image que tu donnes…" Mais lui aussi, je l'ai surpris le nez apen l'air, à regarder les feux d'artifice… Il avait ses racks d'EMS et des néons au-dessus, c'était une crêperie carrément… Moi j'étais avec mon Moog Liberation et je sautais en l'air grâce à un grand fil, et lui, il était dans sa crêperie, avec le porte-voix en plus. Il jonglait avec les disquettes du Fairlight, il y avait des moniteurs partout, c'était Noël…"

Vous vous éclatiez sur scène?
D.P. : "Oui, complètement. je me souviens qu'au démarrage du premier concert, Roger n'était pas sonorisé. Il jouait une Simmons, avec les pads. Il n'y avait pas de courant, on entendait juste le bruit de la baguette sur le formica… Il frappait avec une telle rage, à cause de cette panne de courant, que le son était magnifique. Puis l'électricité est revenue… On a appris qu'on peut même taper sur du formica dans un stade!"

Et puis il y a eu Houston
D.P. : "Techniquement, c'était la folie. Jusqu'au dernier moment, pour les répétitions, c'était le chantier et les américains disaient : "Ils ne vont jamais s'en sortir, ils sont cinglés!" Ils ont appris ce qu'était le feeling. Je me rappelle le premier coup de grosse caisse de Jo Hammer dans la sono de Houston, j'étais au bar de l'hôtel avec Francis. Il s'est levé et il a dit : "Qu'est-ce qu'il se passe, il y a de l'orage?" C'était comme un tremblement de terre dans la ville entière!"

Vous vous amusiez bien entre musiciens?
D.P. : "On se branchait des cordons MIDI entre nous pour se changer les programmes à distance pendant les répétitions. Ils me scotchaient les touches du clavier par en-dessous. Je voulais faire une note et il y avait un accord qui sortait… Bref, c'était l'école maternelle…"

Tu as joué sur l'album Révolutions
D.P. : "J'aime bien jouer comme un instrumentiste. On me branche un synthé et je joue. Jean Michel me donne huit pistes, je fais huit chorus différents, puis il les monte. Il refait le chorus, mais je suis obligé de la réapprendre pour la scène, note par note, car je ne l'ai jamais joué. Pour Révolutions, Jean Michel état à côté de moi, on travaillait ensemble. Il m'a appris à mettre en scène la musique. par exemple, je fais un chorus que je trouve superbe, et Jean Michel me dit : "Non, cela monte trop vite, il faut attendre un peu…" Souvent je commence, et je dis "Stop, ce n'est pas bon." Lui il me dit : "Cela ne fait rien, on le garde, continue…" C'est comme pour une scène de cinéma où l'on fait plusieurs prises… Maurice Jarre fait des musiques de films, mais son fils fait à la fois les films et la musique!"

Est-ce que Jean Michel a des trucs pour relancer l'inspiration en studio?
D.P. : "Il écoute un disque des Shadows, pour revenir dans son enfance et remettre l'église au milieu du village…"

Que t'inspire sa carrière?
D.P. : "Il a réalisé son rêve de môme. Au départ, il fait de la musique pour se la vendre à lui. Il s'amuse beaucoup. Et il est arrivé au bon moment. Jean Michel c'est un peu l'IRCAM souriant, avec le plaisir, l'envie, l'enthousiasme."


Propos recueillis par Christian Jacob

17 août 2013

Interview de Frédérick Rousseau (1990)

Interview à Claviers magazine en janvier 1990 de Frédérick Rousseau, qui a travaillé avec Jean Michel Jarre entre 1981 et 1985, et ponctuellement en 1990 pour le concert de La Défense.


1990,frederick rousseauQuand avez-vous rencontré Jean Michel Jarre pour la première fois?
Frédérick Rousseau : C'était un jour d'avril 1981, Jean Michel est venu au magasin Music Land où je faisais des démonstrations du MDB, le premier séquenceur à huit voies CV Gate. Il m'a proposé de partir en Chine avec lui et j'ai accepté.
Pendant l'été, j'ai reprogrammé toutes ses séquences. Je travaillais sur un modulaire RSF avec huit programmeurs. Il y avait trois enjeux : premier grand concert live de Jean Michel, on était quatre sur scène, et il fallait tout faire sans se planter. En tout, cinq concerts, deux à Pékin, trois à Shanghai. Tout a été enregistré live, on a remixé à Paris. Et cela a donné Les Concerts en Chine. En Chine, on arrivait sur une terre vierge, avec un décalage horaire de trente ans (sic)… Imagine la soucope volante de "Rencontres du troisième type" atterrissant sur la Concorde !

Des galères techniques?
F.R. : À Shanghai, à un moment, on passe d'Equinoxe IV à l'Arpégiateur. Je charge le programme dans le MDB, et je fais "Play" et la séquence s'arrête au bout de deux mesures… Quand tu es devant soixante mille personnes, il y a un vent de panique sur scène. J'appelle Perrier : "Fais-moi une nappe de violons avec deux-trois effets, je refais l'interface…" Nouveau plantage. J'appelle Jean Michel : "On ne peut pas jouer ce titre-là" "Bouge pas, j'arrive…" On a refait un morceau entièrement live : on a fait une séquence de base, "dong-dong-dong-dong", qui s'est mise en boucle. On passe sur la piste suivante avec un autre son, petite séquence en temps réel avec des blancs. Troisième poste, quatrième. Jean Michel avait fait toutes les séquences en Do majeur. il est parti du Do pour lancer l'intro, et ensuite il était au casque intercom et il faisait "Mi bémol, poum, la-lala, poum, lalala, poum"…

Pour toi, ce fut une expérience fantastique?
F.R. : Mon seul souci, c'était d'assurer. J'étais conscient de ma responsabilité dans le déroulement du conct (toutes les séquences !). Je savais que cela pouvait de me faire une place dans le monde de la musique. Et effectivement, j'ai créé un studio, et je travaille maintenant avec de grands artistes… Le seul costard qu'on m'a taillé en Chine, c'est qu'on l'a surnommé le pingouin. parce que j'étais souvent habillé en noir et blanc et que je n'arrêtais pas de râler. Quand je râle, je lêve les bras, et je ressemble à un pingouin…

Vient ensuite votre travail sur Zoolook.
F.R. : Il y a eu d'abord Musique pour supermarché, qui a permis de préparer le terrain. Zoolook a compris cinq phases. D'abord, le master sur 24-pistes. L'idée état de gérer des samplings, des boucles de sons, des sons arythmiques déclenchés par des percussions. On a mis Arlette Laguiller à la place d'une charleston, Bernard Pivot, etc. Jean Michel a passé plus de trois mois en studio à choisir des samoles de voix indiennes, esquimaudes, grâce aux enregistrements fournis par Xavier Bellenger. Denis Vanzetto est entré dans l'équipe à ce moment-là. On a faut le faleux son du début d'Ethnicolor, un cri humain lu à l'envers à une vitesse ralentie deux fois. On y passait des jours et des nuits…

F.R. : Puis vous partez aux États-Unis…
C'est la deuxième phase du délire : New York, avec Laurie Anderson, Yorgi Horton à la batterie, Marcus Miller à la basse, Adrian Belew à la guitare… de retour en France, Jean Michel a voulu rendre le travail des américains le plus "européen" possible. Alors, il a fallu sampler entièrement la batterie de Yorgi, les charleys, les cymbales, les toms, et les redéclencher par la Linn, pour obtenir une rigueur mécanique, mais avec les sons de Yogi Horton. Pareil pour Marcus Miller, qui jouait trop dans le style Miles Davis. il y avait un côté "couper/coller" bien avant toute la vague du sampling… Quatrième phase, il a fallu aller à Londres faire le mix avec David Lord. Cinquième phase, faire cela en numérique.

F.R. : Cette expérience t'a beaucoup appris?
Jean Michel pousse le délire de la production jusqu'au bout. J'ai tenu avec lui pendant quatre ans et demi, à la fin j'ai craqué : il m'a rendu fou! Mais je ne le regrette pas, car il m'a appris à aller au bout des choses, avec la fameuse dernière line droite. Quand on fait un disque, commencer les rythmiques, etc. C'est très simple. Mais ensuite finaliser le produit et faire qu'après le mixage, le morceau soit toujours aussi génial et ait autant d'émotions, c'est terriblement compliqué. J'adore son côté puriste et perfectionniste. Pour moi, la perfection c'est pousser une idée au maximum. La perfection devient ridicule quand tu vas tellement loin que tu détruis l'idée majeure. Jean Michel est assez fort dans la mesure où il s'arrête avant. En ayant travaillé cinq ans avec lui, je suis devenu son disciple…

F.R. : Comment travaille Jean Michel en studio?
Jarre, c'est le professeur Tournesol : il branche le truc avec le machin, le machin avec le bidule et ça fait un bruit invraisemblable! Je l'imagine beaucoup plus avec un synthé dans ne boîte à chaussures que dans un décor "Star Wars" nickel avec des D-50 partout. Avec les vieilles machines, il va reprendre goût à la musique, il va la pousser au bout. Il faut qu'il retrouve l'excitation du synthé. C'est un des artistes qui a le plus de santé dans ce métier. Il est à la fois lève-tôt et couche-tard! Quand je mangeais la moquette tellement j'étais épuisé, lui, il était debout en train de dire : "Attends, il faudrait encore faire ça." Il est incassable…


Propos recueillis par Christian Jacob

06 mai 2013

Roger "Bunny" Rizzitelli

Batteur(Article complet de Jérôme disponible sur En Attendant Jarre)
Jarre et Rizzitelli (et Dominique Perrier…) se rencontrent au début des années 70 au studio Ferber lors des séances studio des albums de Christophe (« Les paradis perdus », 1973, « Les mots bleus », 1974). JMJ est alors le parolier mais aussi un peu le producteur du chanteur. Il vient tous les jours au studio et sympathise avec les musiciens, dont Dominique et Bunny. Il « bricole déjà un peu les synthés »…

En 1981, quand le projet des concerts en Chine se concrétise, Jarre souhaite s’entourer de musiciens. Les problèmes techniques vécus en direct devant le million de personnes venu assister à son concert de la Concorde trois ans plus tôt l’ont définitivement guéri des performances en solo ! C’est tout naturellement qu’il fait appel à Perrier et Rizzitelli qu’il connait bien et qui ont, avec Space Art, une solide expérience de la musique électronique instrumentale. Rizzitelli a aussi l’avantage d’être un batteur qui adore les synthés, ce qui n’est pas habituel à l’époque !
(…)
Pour les 5 concerts en Chine (2 à Pékin les 21-22 Octobre 1981 puis 3 à Shanghaï les 26-27-29 Octobre 1981), Rizzitelli, lunettes noires, costard bleu Cerruti et nœud papillon, joue de la batterie éléctronique Simmons type SDS-5 (ou SDS-V) orange. Cette batterie, avec ses « pads » hexagonaux caractéristiques qui feront les beaux jours des années 80, vient de sortir. C’est Jarre qui a insisté pour utiliser cet instrument, probablement parce que plus proche de l’ambiance des « Chants magnétiques » qu’il vient de composer. Le concepteur de Simmons appelle régulièrement d’Angleterre pour se nourrir de l’expérience de la tournée. Côté interprétation, c’est Jarre qui donne « l’idée précise de ce qu’il veut » puis Bunny met en pratique ce que le compositeur a en tête. Le résultat est un jeu de batterie très présent, ce qui donne à la musique de Jarre une tonalité inhabituellement très rythmée. En particulier, la participation de Rizzitelli sur « Equinoxe IV » donne à cette nouvelle version une vraie originalité que Jarre appréciera.

Pour l’anecdote, lors du premier concert à Pékin, Bunny est le premier à monter sur scène. Il s’aperçoit qu’il n’a pas de « retour » ; il ne s’entend pas en direct dans une salle « grande comme quatre terrains de football » ! Malgré son avertissement, les techniciens ne le croient pas ; il insiste, et le retour est finalement branché « 3 secondes avant le début de son intervention » ! Ensuite, pendant le concert, l’électricité n’est pas régulière, les baisses de tension sont régulières, et les instruments de Bunny ne fonctionnent pas correctement. Pro, Rizzitelli ne se démonte pas et joue en tapant aussi fort qu’il le peut sur ses pads afin de se faire entendre ; d’après Perrier, « il frappait avec une telle rage, à cause de cette panne de courant, que le son était magnifique. »

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28 février 2013

Quelques opinions sur Les Concerts en Chine (album)

les_chants_magnetiques_big.jpgVoici une sélection d'opinions sur Les Concerts en Chine recueillies sur Amazon.fr:

Opinion 1: Cet album est une pure merveille, pour les fans de JMJ (dont je suis). Il réunit des morceaux qui prennent une toute autre dimension en live, que Jarre a l'intelligence de réarranger autrement.
Les Chants Magnétiques 2 : une tuerie !! Equinoxe VI : l'intro - complètement ré-écrite par rapport à la version album - toute aussi efficace. Quant aux inédits composés pour l'occasion, je dois dire que pour la plupart d'entre eux, c'est la raison pour laquelle j'adore cet album. "Orient Express" est entêtant, "Souvenir de Chine" est beau à pleurer, "Arpegiateur" mystique. Pendant un temps je ne l'ai pas trop aimé, mais avec le temps j'ai assimilé le morceau "Jonques de Pêcheurs au Crépuscule" et pour finir je dois dire qu'avec le recul, pour un Occidental, composer un morceau associant des sonorités asiatiques et mêlant le son électronique de cette manière, cela relève du génie, et je considère désormais "Jonques ..." comme l'une des œuvres majeures de la carrière musicale de Jean Michel.
Vous l'aurez compris : "Les Concerts en Chine" est l'un des meilleurs albums que Jarre ait réalisé. Chapeau bas Monsieur.


Opinion 2: Un live extraordinaire. Une compilation de ses 3 premiers albums (Oxygène, Equinoxe, Les Chants Magnétiques) + des inédits (Orient Express..), plus des morceaux en duo avec l'orchestre de Pékin où le must de l'électronique de l'époque se même avec finesse aux instruments traditionnels chinois, plus une version de Chants Magnetiques 2 se terminant sur un long solo de synthé exclusif du live ! Beaucoup de bonnes choses donc, un grand moment pour les amateurs de JMJ.
Seul regret: l'utilisation de batteries électroniques au son très 80's et donc un peu "daté" pour des morceaux au caractère intemporel.


Opinion 3: Très bon disque, rien à voir avec "Houston et Lyon". De superbes musiques. à avoir dans ses disque de Jean michel Jarre. Je le recommande aux fans.


Opinion 4: Mais que c'est bon. Les grands classiques sont là hormis quelques-uns, et les nouveaux morceaux sont plutôt réussis... une mention spéciale à "Chants Magnétiques 2" qui prend toute son ampleur dans ce show. Peut-être davantage réservé aux fans plutôt qu'à ceux qui veulent se faire une idée, et pour eux, le best of "Images" leur tend les bras

11:46 Publié dans Albums / Opinions | | Tags : les concerts en chine, 1982 |  Facebook | | |